Denis Fournaud annonce la fin de sa carrière littéraire avec un dernier essai : Homo Europens. Toujours avec humour, l’auteur vient mélanger poésie et réflexion sur une Europe forte et unie pour faire face à la conjoncture actuelle.
Propos recueillis par Emma Diedhiou.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire ce dernier livre ?
Mon troisième livre n’aurait jamais existé sans le deuxième, c’est lui qui m’a permis le déclic, qui m’a donné l’envie d’en dire plus. Dans mon deuxième livre, j’axe mes propos sur la manière dont les entreprises internationales peuvent porter atteinte à l’inter-culture.
Cette question m’a permis de converger vers le sujet du dernier livre : L’Europe. Une Europe très importante pour moi, alors que j’aurais pu avoir toutes les raisons de la quitter.
En-dehors de ce deuxième livre, c’est tout bonnement l’actualité, la politique, ce système dans lequel on vit à l’heure actuelle, que je trouve très inquiétant, qui m’a poussé à reprendre le stylo.
Quelle image avez-vous de l’Europe aujourd’hui ?
Aujourd’hui, de mon point de vue l’Europe se contente d’être vue par les Américains, les Chinois comme les Russes comme un marché sur lequel on développe du business et que pour tout le reste il faut qu’on se taise. Malgré le fait que nous représentons un marché économique très important, le président Trump ou le président Xi Jinping, ont assez de pouvoir pour bouleverser nos vies.
Notre Europe à tout de même une évolution positive, nous avons avancé sur de nombreux sujets, mais nous avons laissé de côté une chose importante : la puissance de la défense. On ne peut pas être puissant sans organisation militaire.
Vous usez encore de la satire pour raconter l’Europe de la seconde moitié du XXe siècle, à travers votre vie, pourquoi ?
Il est vrai que mon livre est autobiographique, mais vous voyez pour moi, ce n’est pas le plus important, j’ai choisi d’écrire ce livre comme un témoignage de l’évolution de notre société. Je suis né en 1942, je suis de ceux qui ont compris l’importance de l’Europe car j’ai grandi et évolué avec elle. Pour ce qui est de l’humour, vous savez je pense que rien n’existe sans le rire, rien n’est possible sans l’humour, je pense même que les hommes qui sont dans les situations les plus effroyables, trouvent le moyen de se marrer. Après tout, si vous n’en rigolez pas que faites vous ?
Quels sont pour vous les défis majeurs que doit surpasser l’Europe ?
Il y a un type qui a écrit 26 défis, mais je pense que nous pouvons résumer. Le défi est l’extension de l’impérialisme, le défi est de trouver comment partager le monde entre ses nations qui veulent se détruire. Un jour, il y aura un crétin qui appuiera sur un bouton, c’est sûr. Nous sommes dans une situation invraisemblable non ? Jamais on a connu ça ! Vous savez dans ce livre je ne dis que des choses que tout le monde peut voir. Il n’y a rien d’original dans ce que j’écris, mais vous voyez je pense que l’on peut éviter de tout faire exploser.
Vous proposez plusieurs pistes pour l’avenir de l’Europe, en particulier d’utiliser la culture, pourquoi ?
Nous avons une culture qui a deux mille ans, qui a évolué mais qui a aussi survécu, notre culture a marqué l’histoire, le monde, car en Europe sont nés de grandes choses. Pour commencer nous avons tout de même inventé la démocratie, pas parfaitement, mais nous l’avons quand même inventée. Sans oublier que Les Lumières, un des grands mouvements intellectuels européen qui a façonné notre mode de pensée d’aujourd’hui.
Je ne souhaite pas que l’Europe se positionne comme un ennemi supplémentaire, il y a trop de guerres dans le monde, je veux simplement que nous sortions de ce plan de transaction dans lequel nous n’apportons rien.
Pour moi une Europe confédérale, qui respecte les nations et leurs cultures tout en les faisant avancer ensemble est la clé.