Ancien directeur des spécialités pour le groupe Heineken France, Denis Fournaud, âgé de 82 ans, écrit son deuxième livre ; « Rupture de culture en Alsace, le pécheur perdu sans Fischer », sur une grande parAe de sa vie : la bière Fischer.
C’est dans la brasserie L’Alsacien République dans le 10 -ème arrondissement de Paris que l’auteur nous accueille. Fort en sourire et en rire Denis Fournaud, annonce la publicaAon d’un livre criAque dans lequel il revient sur sa sorAe du groupe Heineken ainsi que sur la dispariAon des bières Fischer brassées en Alsace.
Son entrée dans le monde brassicole
Denis Fournaud rejoint le groupe Fischer en 1980, la marque n’est alors pas encore racheté par Heineken France. Développeur de la Desperados et créateur de la Dorelei, il met un point d’honneur à raconter que son équipe et lui travaillais avant tout avec le rire. Car après tout, explique-t-il, il vaut mieux créer une atmosphère à la fête avec les personnes que nous voyons le plus au quoAdien.
« On s’amusait bien ! Je travaillais avec un maître brasseur qui était de Germany, c’était un des plus grands connaisseurs du monde de la bière. Il souhaitait qu’une seule chose : que la journée se passe en s’amusant. Mais à parHr d’une certaine heure, il n’était plus opéraHonnel. Il abusait un peu du Hrage pression (rires). »
Mais après de longues années de succès, le directeur des spécialités est considéré comme « has been » et est congédié à la fin de l’année 2001. À 59 ans, Denis Fournaud quiYe son poste et se retrouve administrateur bénévole jusqu’en 2005.
Malgré un départ précipité, Denis Fournaud raconte avec le sourire aux lèvres une mésaventure qui lui est arrivée alors qu’il était aux commandes de Fischer.
« Un lundi maHn, j’ai eu au téléphone un mec de la répression des fraudes qui me dit « dit donc chez Fischer vous êtes de vrais salopards, vous vendez des bières qui ne sont pas des bières. » Il m’explique alors qu’il a trouvé des Fischer remplis d’eau et non de bières. Comment ça a pu arriver ? C’est tout simple ce lundi maHn les vannes du neUoyage des bouteilles par eau n’avaient pas été fermé ! Il y avait 1500 hectos litres qui étaient parHs tout de même ! Sur le moment, personne ne rigolait, mais plus tard, c’est devenu une anecdote mémorable. »
Fischer, représenta<on des tradi<ons menacées
Toutefois, le propos important qu’il faut retenir du livre est l’évincement de l’interculturalité dans les grandes entreprises.
À travers le prisme de l’industrie brassicole, l’auteur revient sur l’achat de Fischer par le géant Heineken. L’illustraAon parfaite d’une perte de tradiAon au profit d’une globalisaAon.
Denis Fournaud revient sur le premier devoir qu’une entreprise qui propose des produits de grande consommaAon doit avoir. « Je vais vous le dire, c’est de ne jamais menHr ! ». L’interculture dans les grandes entreprises européennes est pour Denis Fournaud un point primordiale à ne pas négliger. Délocalisée la fabricaAon des bière Fischer a apporté un déficit culturel.
« Le génie Fischer a été de créer une bière succulente en Alsace et elle n’existe plus. Je pense que la quesHon d’interculturalité ne devrait pas être négligée par certaines gouvernances d’entreprise. » Avec humour, Denis Fournaud propose plusieurs soluAons pour trouver l’équilibre nécessaire entre les tradiAons et la modernité. Parmi ses iniAaAves, on retrouve la créaAon de microbrasseries afin de revitaliser la tradiAon brassicole alsacienne.
Bien que le livre tourne autour de Fischer, l’auteur met en avant d’autre marque dans le même cas, comme Amora avec la moutarde de Dijon, qui n’est plus créé à Dijon afin de renforcer son argumentaire.
Ce secret de polichinelle est d’autant plus anA-performant. L’auteur revient sur ce point dans son livre en meYant en avant les conséquences négaAves économiques et sociales de la perte d’emploi local et du savoir-faire tradiAonnel.
Denis Fournaud propose à travers une écriture teintée d’humour une réflexion sur la préservaAon des tradiAons locales face à la mondialisaAon.