Les Passagers est son premier roman. Mais certainement pas le dernier. Julia Brandon nous présente le volet numéro 1 de cette saga fantastique, qui mêle voyage temporel, relation filiale et perte douloureuse. Nous l’avons rencontrée à la librairie Gros Câlin (Paris 8e) entre deux flashs d’appareil photo et trois signatures. Interview hors-temps.
L’acte d’écriture est à Julia Brandon ce qu’est respirer pour le commun des mortels : un acte tout naturel. Dès l’âge de sept ans, cette romancière en herbe griffonne déjà ses carnets de récits extraordinaires. S’en sont suivies des publications de nouvelles et surtout, une idée fixe : la nécessité de devenir écrivaine. Nous nous sommes rendus à la séance de dédicaces de son tout premier roman, Les Passagers, réédité à l’occasion de la sortie prochaine du deuxième tome. Pudique, retenue, Julia Brandon n’est pas du genre à parler d’elle. Mais elle se prête à l’exercice pour notre micro, et nous dévoile les coulisses de ce roman palpitant, entre course contre le temps, quête de soi et rencontre avec l’autre.
À l’âge de sept ans, vous écrivez votre premier récit. De quoi parlait-il ?
Julia Brandon : Je viens de la retrouver. C’était l’histoire de dinosaures qui rencontrent des pingouins, qui parlent entre eux et voyagent sur un tapis volant.
Vous étiez déjà portée sur l’imaginaire…
Oui, (rires) ! Déjà à cet âge-là je n’étais pas tranquille. Je ne l’ai jamais été. Je crois que tout ça est en moi. Je ne saurais dire d’où ça vient, j’ai toujours voulu écrire, ça a toujours été comme ça. Puis à onze ans, j’ai lu le Cercle des poètes disparus – je ne lisais pas de livres de jeunesse d’ordinaire. Ça a été une révélation. C’est ce qui m’a donné le goût de la lecture. J’ai enchaîné avec des classiques, Madame Bovary, Belle du Seigneur… Et si je devais relire un livre, ce serait Tant que le café est encore chaud. C’est un roman fantastique d’un auteur japonais, Toshikazu Kawaguchi.
Vous rééditez aujourd’hui votre premier roman, Les Passagers. La forme romanesque était une évidence pour vous ?
Oui, car si c’est trop court, je n’aime pas. J’aime me plonger dans un bouquin, j’aime les récits au long cours, que ça prenne du temps. C’est ce que j’ai cherché à faire avec mon roman, transmettre mon univers. Mais j’écris pour me faire plaisir avant tout, il n’y avait pas de projet précis en amont. La forme romanesque est venue naturellement.
Les Passagers est le premier tome d’une série en trois volets. Vous l’aviez imaginé ainsi dès le commencement ?
Non. Lorsque j’ai commencé le tome 1, il n’y avait que la première partie. A la fin, je me suis dit que je voulais continuer avec mes personnages car ils me manquaient. J’ai fini le bouquin, j’en ai commencé un autre. Mais mes personnages me manquaient toujours. Donc je me suis mise à écrire le second tome ! Et puis, j’ai continué avec le trois, toujours par attachement pour mes personnages (rires).
Vous entretenez un lien particulier avec vos personnages. Comment fait-on pour garder une distance avec son récit ?
Je n’en ai pas ! Je pleure avec mes personnages, je ris avec eux, je suis dépressive avec eux, je rêve d’eux, je parle avec eux… Je vis leur vie à chacun, en même temps.
Provoquer l’émotion, chez vous et chez les autres, c’est ce que vous recherchez avant tout ?
Bien sûr. Ce que je ressens, il faut que le lecteur le ressente. Sinon j’ai raté quelque chose. Si le lecteur n’est pas touché, j’ai tout raté. Et là c’est le lancement, faut que ça fonctionne !
Vous avez eu des retours de votre entourage ?
Non, je n’aime pas faire lire ce que j’écris à mes proches. Mon mari était en train de lire le deuxième tome, je lui ai dit : « Tu ne le lis pas devant moi ». C’est moi qu’il y a dans ces pages.
Votre roman nous plonge dans un univers fantastique. Quel a été votre premier rapport avec ce registre ?
Ce bouquin. J’avais une idée en tête, et pour la développer, je devais faire appel au fantastique, ce n’était pas une histoire réaliste. Mais je n’ai pas de culture fantastique particulière.
Comment a germé cette idée ?
J’ai eu la première phrase en tête, je l’ai écrite, et tout le reste a suivi. Et puis ça a évolué au fil des pages. Ça s’est écrit tout seul, sur trois mois. Sans compter les corrections (rires).
Vous avez fait un travail de recherche faramineux en amont. Comment aborde-t-on la rédaction d’un roman fantastique ?
Avec beaucoup de travail. J’ai failli tomber dans des pièges. Dans ce cas, on s’arrête, on efface tout et on reprend. C’est un éternel recommencement… C’est une rigueur. Je dépose mes gamins à l’école, je rentre chez moi et j’écris. Et il ne se passe rien d’autre. Et je peux rester devant ma page blanche pendant des heures.
Votre roman aborde les questions du voyage dans le temps, de la relation filiale et de la perte douloureuse. Que voulez-vous que vos lecteurs retiennent de cette histoire ?
Les relations humaines, de manière générale, que j’ai essayé de rendre nobles et belles. Mais surtout, qu’ils se posent des questions et qu’ils aient envie de lire la suite ?
Votre roman doit être adapté en scénario. Lorsque vous écriviez, pensiez-vous à cette possibilité de l’image cinématographique ?
Oui. Je l’avais donné à une amie correctrice qui m’avait dit de le présenter directement à des producteurs (rires). Mais oui, je l’ai écrit comme un film, je l’ai vu, même. D’où cette écriture que j’ai voulu vive, visuelle, que j’ai depuis que j’ai commencé à écrire.
À quand cette suite ?
Mon second tome est terminé et il sort à la fin de l’année !
Les trois conseils à un écrivain en herbe ?
Travail, rigueur et persévérance.
Le site de Julia Brandon : https://julia-brandon.fr/